Chroniques:Patrick Abel

Samedi 07 octobre 2023 41e jour d’après : (17 novembre 2023)

Un an, voilà un an que nous sommes en Israël, un an d’Alyah, un an de retour vers le paysoù nous ne sommes pas nés, vers le pays où nous ne connaissons pas la langue, (un peu tout de même😂), un pays ou tout diffère, un pays autre que celui de notre enfance, de toute notre vie et pourtant un pays que nous pouvons appeler notre. Quel étrange sentiment que de se dire que nous faisons partie intégrante de ce peuple de cette nation. J’ai toujours pensé que notre génération avait connu la fin de l’histoire, la fin des guerres ; le retour à une paix éternelle, une réjouissance de partage avec tous, une fraternité pour toujours. Et puis le tragique de l’Histoire est revenu. Un an et toutes les réponses de vie si évidentes nous ont éclaté au visage. Nous avons desamedi en samedi arpenté Kaplan en nous posant les questions : qu’est-ce que la démocratie ? qu’est qu’une nation ? qu’est-ce qu’un peuple ? quelle place du religieuxdans l’espace publique, dans la politique ? Israël pays juif, Israël pays des juifs ? qui suis-je ? quel est mon identité ? celle provenant d’origines divers ? celle d’un petit français élevé dans un laïcisme républicain gommant les différences ? Et dans ces marches contre la réforme, l’identité ne m’a pas rejoint mais l’identification à une « israélité, » oui. Je reconnaissais dans les visages des manifestants, l’autre en moi, l’israélien.

Et le choc, collapse du 07 octobre a bousculé, ébranlé, fait bouger les lignes du citoyen israélien qui prenait racine en moi. Le pogrom du 07 octobre a ranimé le juif.
chez l’israélien. L’israélien n’existe que parce que juif et le juif est aux yeux de beaucoup l’israélien. L’Histoire tragique du peuple juif continue, inexorablement, le 07octobre s’est inscrit dans une longue, très longue litanie de meurtres contre les juifs.L’horreur a été atteinte dans son paroxysme, à un tel point que les mots manquent ; d’ailleurs ils n’existent pas, ne nous reste que le silence de l’action et de la lutte, celle de nos jeunes si beaux, si courageux, si déterminés et si animés de protéger Israël.Ils nous protègent et c’est grâce à eux que cette année se prolongera dans le silence de l’amour des nôtres et de cet amour régénéré ou renouvelé de notre peuple, de mon peuple avec ce sentiment si longtemps non admis d’appartenance collective.