Samedi 07 octobre 2023, 53e jour d’après : 29 novembre 2023 : 

Thérapie occupationnelle à Be’eri


Dans le kibboutz de Be’eri aux abords de la bande de Gaza, le 07 octobre trois membres de la même famille ont été tué et sept autres ont été kidnappés dans le pogromperpétré par le Hamas. L’histoire du kibboutz Be’eri commence en 1905 par un pogrom dont l’Ukraine est coutumière en ces temps-là. La famille Orloff avec ses neufs enfants dontChana et zvi décident alors de partir pour la Palestine. Chana Orloff quitte la Palestine pourParis et devient une sculptrice célèbre elle fréquente Soutine, Modigliani et Zadkine. Zvi Orloffson frère modifie son nom en Zvi Nishri, sa fille Rina épouse Avraham Havron avec lequel en 1946 ils fondent dans le désert aride du Néguev le Kibboutz Be’eri nom donné en l’honneur de Berl Katzlnelson membre fondateur de la Koupat-Olim et de la Histadrout. Rapidement le Kibboutz devient prospère en grande patrie grâce à une imprimerie qui imprime tous les documents administratifs.


La prophétesse Deborah par Shana Orloff


Nous sommes partis à l’aube de Tel Aviv pour Netivot ou un car doit nous emmener à Be’eri.Un groupe d’une cinquantaine d’israéliens (אמיתי ישראלי) attendent ce car qui ne viendra pas.Nous reprenons nos voitures et sillonnons les routes vers le Kibboutz. La nature est belle, levert recouvre les champs, un calme habite l’atmosphère. Le paradis serait le mot à employer pour qualifier ce paysage, si ce n’est une boule dans la gorge qui l’en empêche, cette boule à la pensée de ce qui s’est passé dans ce coin de paradis en ce jour funeste.Arrivés aux abords de Be’eri un barrage militaire nous arrête. Les soldats nous interrogent sur notre destination, nous passons de l’autre côté. De l’autre côté, ce sont des champs dePomelos à perte de vue, tout près, au creux des arbres des belles maisons aux toitsrouges, la réalité de cette journée ensoleillée percute la mémoire meurtrie du 07 octobre, ily a 53 jours, les terroristes, les nazis du Hamas ont violé ce paradis sur terre et tout sembleserein derrière ces arbres alors qu’aucune âme juive n’y réside plus. Nous sommes venuscueillir les fruits du travail des descendants des Orloff et des autres.
Ces habitants pacifistes qui croyaient à la paix entre israéliens et palestiniens Ces habitants qui apprenaient l’arabe pour mieux comprendre l’autre
Ces habitants qui transportaient les enfants pour les soigner en Israël
Ces habitants qui chaque jour donnaient du travail aux palestiniens de l’autre côté
Ces habitants qui voulaient abattre les barrières
Ces habitants qui croyaient en l’égalité, à la justice entre tous les hommes d’où qu’ils viennent.
Ces habitants ont été assassinés, violés, brulés ; leurs maisons saccagées, pillés.
Ces habitants ont été trahis.
Ces habitants vont-ils revenir dans leur paradis, vont-ils vivre comme avant ? Ces habitants vont-ils rêver comme avant à la paix ?
Nous qui venons cueillir des pomelos, nous qui regardons les belles maisons de loin Allons-nous continuer à croire en l’amélioration de l’homme ?
Allons-nous continuer à croire à a la coexistence ? Allons-nous continuer comme avant ?
Allons-nous ? Allons-nous ?
Plus jamais ça, ça est derrière les arbres et les feuilles cachent les maisons Ça est innommable et il va falloir continuer à vivre avec.
Pour   le   moment,   Héléna   nous   l’a   soufflé   un   soir   autour   d’une   table sympathique : il suffit aujourd’hui de pratiquer la thérapie occupationnelle.
Le 07 octobre a réveillé en nous, a réactivé une angoisse de disparition du peuple juif, l’extermination de la Shoah ; il a accentué cette angoisse de mise hors monde, cette hostilité éternelle envers le peuple juif.
Nécessité et injonction nous est faite de penser ce qui arrive et nos mots manquent à une explication indispensable dans la continuation de notre vie. La pulsion de vie incite à agir par la résilience individuelle mais surtout par larésilience collective du peuple juif, elle existe dans le transgénérationnel. Pour nos aïeux, pour nos enfants, le faire est indispensable pour lutter contre la pulsion de mort de cette rupture, cette faille, ce vide qui entraine vers le désespoir. Il suffit de regarder toutes les actions de solidarité de notre peuple pour constater que ce mot de résilience signifie.






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