"Naama Levi a 19 ans. Elle est la fille du docteur Ayelet Levy, médecin de famille à Raanana et également médecin de l'équipe féminine israélienne de football.
Naama est née en Israël et a grandi en Inde où elle a fait ses études dans une école américaine. Elle a 3 frères et soeurs.
Naama s'est spécialisée en diplomatie dès le lycée. Elle a été élevée avec les valeurs de tolérance, d’acceptation, d’égalité, de liberté, de justice sociale…
Naama a participé à la délégation « Hands of Peace », qui rassemble de jeunes Américains, Israéliens et Palestiniens et encourage les jeunes leaders à promouvoir les valeurs de compréhension mutuelle et la poursuite de la paix comme levier pour créer un changement social et mondial(.https://handsofpeace.org/)
Naama est l’arrière-petite-fille de survivants polonais de l’Holocauste. Son arrière-grand-père Yehuda, né à Bialystok, a fui en Sibérie et son arrière-grand-mère Zisel, née à Skidel, a été déportée en Sibérie. La plupart des membres de sa famille, restés en Pologne, sont morts pendant l'Holocauste ou ont disparu.
Naama est une jeune femme dynamique, et sportive, elle pratique le triathlon..
Ses amis la décrivent comme une bonne amie, forte, fidèle à elle-même et quelqu'un qui sait les faire sourire.
Dans une vidéo diffusée par le Hamas, Naama apparait au moment où les terroristes la sortent du coffre de leur Jeep, transportée comme un animal, et jetée sur le siège avant aux cris de Allah Akbar" .(https://www.collectif7octobre.org/accueil)
Samedi 06 janvier, 8h30 la place des otages est remplie de cyclistes à l'appel de l'association de triathlon. Un stand distribue des tee-shirts avec la photo de Naama. Des centaines, peut être quelques milliers de cyclistes sont présents à l'appel pour penser à Naama, qui pratiquait le triathlon. 9h , départ pour Raanana où elle habitait. Les voitures de police ouvrent le route, des policiers en scooter bloquent les routes adjacentes. Des drapeaux bleus et blancs s'agitent sur les trottoirs. Le peloton parcourt les vingt kilomètres stoppé par quelques arrêts aux feux rouges, les cliquetis des pédaliers ponctuent les redémarrages. Jeunes, très jeunes, moins jeunes et mêmes plus vieux, tous casqués sur des vélos de toute catégorie sont unis en fraternité et en pensée solidaire. Cela semble dérisoire de rouler revêtu avec une photo de Naama et un peu inutile, est ce que ça va aider à sa libération ? Non et pourtant nous sommes là en roulant comme elle, quand elle s'entraine, nous roulons, changeons de braquet, contournons les nids de poule, parfois nous nous mettons en danseuse, nous nous rasseyons sur nos selles; comme si elle était avec nous dans ce peloton solidaire, comme si toutes nos pensées s'envolaient vers l'enfer de sa vie d'aujourd'hui. Une fois dans le Parc de Raanana quelques discours des proches sont prononcés, une minute de silence et avant le retour vers Tel Aviv le chant de l'Espoir est entonné. Avoir 19 ans, 20 ans le plus belle âge de la vie? : "Avoir vingt ans, des lendemains , pleins de promesses, quand l'amour sur nous se se penche pour nous offrir ses nuits blanches, lorsque l'on voit loin devant soi rire la vie brodée d'espoir, riche de joie et de folie, il faut boire jusqu'à l'ivresse sa jeunesse" pour qui ? pas pour Naama, pas pour les jeunes israéliennes, les jeunes israéliens! pas pour les Hayalim qui ne connaitront plus l'ivresse de la vie, pas pour ceux qui rentrent pour deux jours revoir leur famille après 92 jours de combats ? La vie ne sera plus brodée d'espoir, riche de joie. Mes vingt ans à moi: ces années d'étudiants quand je pouvais apercevoir la silhouette de « Mouna », l’anar des années 70 sur son triporteur, dans les rues de Paris, c’était le temps des révoltes et de la musique de « Woodstock », le temps des sons électriques qui voulaient changer le monde. C’était le temps de remise en question du pouvoir gaulliste, le temps ou la « mouff » mélangeait peuple et étudiants, entre 68 et Internet j’ai rêvé à gauche et cru à la Bastille, un autre mois de mai, c'était en France. Cela est loin et mes petits enfants n'auront pas ces rêves, ils passeront par l'armée au même âge et je comprendrai qu'ils soient différents et j'aurai du mal à leur expliquer cette insouciance de la génération du baby boom, celle d'après la guerre, celle qui croyait à la fin de l'histoire, à la paix éternelle, à la fin de l'antisémitisme dans une citoyenneté laïque. Cinquante ans après, la guerre est revenue, le pogrom renait du gouffre obscur où il aurait dû rester, la bête immonde s'est réveillée mais s'était elle vraiment endormie? les religions veulent imposer leur vision du monde et la liberté recule partout dans le monde.
Alors je roule , je cueille, j'écris, j'aide de mes faibles moyens et je me fie aux vingts ans pour continuer à espérer un monde meilleur qui ne vient pas. Am Israël Hay.
Joli texte, désenchante mais vivant et espérant.
RépondreSupprimerUne seule remarque: Les religions veulent imposer leur vision du monde ... il sagirait de se soumettre ou de soumettre donc. Sans doute, mais le Judaïsme, lui, ne veut rien imposer au monde, il ne souhaite que nous aider a mieux vivre et a mieux penser, il nous permet de comprendre la vie, notre vie et garder espoir malgré tout. Dans ce monde si désoriente qui a perdu ses valeurs, il nous invite a la justice et au partage. Dans la patience et le respect.