Samedi  07 octobre 2023, 127e jour d’après : 07 février 2024



Il est 12h 30 à Tel Aviv, nous sommes place des otages, un beau soleil a fait place à la pluie. les chaises sont dressés devant l'écran géant, les photographes déambulent parmi la foule de francophones réunis pour l'événement. Une journaliste de I24 parle devant son caméraman. A gauche de l'estrade les drapeaux français et israéliens nous rappellent notre double allégeance assumée et de plus en plus déséquilibrée. Nous sommes venus assister à l'hommage rendu par la France aux 42 franco -israéliens assassinés par les terroriste déshumanisés du Hamas. Sur l'écran la cérémonie commence, devant les colonnes austères de la bâtisse , les  noms des victimes sont gravés sur la pierre grise, chaque garde républicain, debout dans une stature digne brandit les portraits souriants de ceux qui ne ne sont plus. Trois chaise vides, blanches attendent le retour des trois otages toujours détenus dans l'obscurité des tunnels de Gaza. 
La cérémonie sera teinté de ce sacré si cher à la culture républicaine française, le discours  du Président sera plein d'émotion et il saura dire de quel coté se trouve les valeurs de liberté, égalité et fraternité. Evoquer le plus grand massacre antisémite du siècle sera fait avec des mots forts prononcés. Ravel et son Kaddish, Chopin et sa marche funèbre joués par la Garde républicaine ne feront qu'orner admirablement la solennité de l'hommage. La marseillaise que nous chanterons résonnera sur cette place, ce chant révolutionnaire comporte d'autre couplets non dits qui parlent de vengeance, cette vengeance laquelle nous pensons malgré nous contre cette ennemi barbare :

"Tremblez, tyrans et vous, perfides,
 L'opprobre de tous les partis !
 Tremblez ! Vos projets parricides
 Vont enfin recevoir leur prix. (Bis)
 Tout est soldat pour vous combattre.
 S'ils tombent, nos jeunes héros,
 La terre en produit de nouveaux
 Contre vous tout prêts à se battre"

Mais se quitter ainsi laisse un gout d'inachevé, de manière spontané nous conclurons par l'Hatikva. 

Un de gardes républicains Jean Eric a témoigné: 

"Difficile de mettre des mots sur un torrent de sentiments aussi puissants. Je ne me souviens pas avoir été autant ému lors d’une cérémonie. La solennité de l’évènement, l’intimidante atmosphère dans un lieu aussi mythique, le silence écrasant précédant notre arrivée aux roulements du tambour, le discours poignant du Président, la sonnerie au morts, la Marseillaise entonnée par les choeurs de l’armée française, la marche funèbre de Chopin…Mais c’est en dehors des caméras que presque tous, nous nous sommes laissés aller, submergés par l’émotion, lorsque les familles sont venues nous voir, embrasser le portrait que nous portions, nous invitant ainsi à leur deuil, à leur inconsolable chagrin et leur incommensurable tristesse, et nous donnant la sensation, à chacun et l’espace de quelques minutes, de faire partie de leur famille, d’être au centre de leurs attentions, comme si nous représentions, pour l’instant, cet être disparu. J’ai vu des parents, prendre dans leur bras le Garde qui portait le portrait de leur fils, comme si celui-ci en était une sorte de réincarnation.S’accrocher, faire face au chagrin, rester digne, à notre place…Et puis ce fut mon tour. Devant moi, le père, la mère et le frère de Dolev Amouyal, mort dans sa 21e année dont je portais le portrait, se sont figés devant moi, pour s’effondrer dans un sanglot sans fin. La maman a déposé un baiser sur le portrait, le papa, le visage déformé par sa souffrance, m’a remercié (de quoi?…). Le petit frère, en retrait, me paraissait assommé par l’évènement, incapable de réagir, incapable de bouger, comme dans une expérience extra-corporelle. J’ai cherché des mots, vainement; mais je n’avais rien à dire, et je ne pouvais pas me permettre de desserrer la mâchoire, au risque de pleurer moi aussi, ce que je me suis efforcé de m’interdire jusqu’au bout… mais en vain, là encore...Je salue ces disparus, ces familles meurtries, la dignité dont elles ont fait preuve durant toute cette cérémonie.Mais surtout… Je salue Israël dans son juste combat, pour la civilisation, contre la barbarie. Ce matin, nous étions tous juifs."


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog