Samedi  07 octobre 2023, 168e jour d’après : 22 mars 2024


Plus jamais ça, plus jamais le ça, tout recommence, tout continue. 

Depuis le 07 octobre le besoin d'écrire les émotions, le besoin de ressentir à travers les mots m'a motivé dans cette chronique. J'ai voulu au début transmettre à mes amis de France ce que ici en Israel nous vivions au quotidien , bouleversés dans nos vie par le retour ou plutôt la continuité du tragique dans notre judéité. Le 07 octobre a réactivé des angoisses, des peurs enfouies dans les tréfonds de nos inconscients familiaux et collectifs. Ma génération a cru à la fin de l'histoire, à la fin de l'antisémitisme. Je me souviens des paroles de ma tante née en 1933 qui a vu son père arrêté par des gendarmes français et déporté par le convoi 78, elle qui a été  obligée de faire sa communion catholique, séparée de sa mère pour sa survie pendant toute la guerre. Alors que nous avions décidé de faire notre Alyah, elle nous avait alors dit "c'est bien, tu ne souffriras  pas de l'antisémitisme en Israel".  L'histoire est rentrée dans nos vies par la grande porte et avec la grand H de Perec. Nous avons grandi dans le "le plus jamais ça" et le plus jamais disparaissait pour ne laisser que le ça.  A l'heure ou les fakes news, les désinformations transforment la réalité de ce que vit Israel, à l'heure ou les haines effacent le plus grand pogrom depuis la Shoah, Je m'interroge dans cette chronique de quoi est fait ce ça?  Pour paraphraser Lacan de quoi parle le ça ? pourquoi designer la Shoah, le plus grand massacre antisémite du XXe siècle par ça? pourquoi ne pas nommer pour ajouter au malheur du monde? Cette neutralité du ça, cette indétermination peut ouvrir à n'importe quelle interprétation. Dans son livre, Le deuil de l’origine. langue en trop. La langue en moins R. Robin (Éditions Kimé, Paris, 2003) nous dit: « la traduction anglaise du ça freudien en anglais c’est le Id, le Yd, le Juif, tout un programme. » l'auteur évoque le Yiddish . Dans le dictionnaire de la psychanalyse Elisabeth Roudinesco nous rappelle la définition du ça de Freud : c'est l'introduction du terme ça pour designer l'inconscient, considéré comme un réservoir pulsionnel inorganisé, assimilé à un véritable chaos, lieu de passions indomptées qui dans l'intervention du moi demeurait le jouet de ses aspirations et irait inéluctablement à sa perte. Du même coup, le moi perd son autonomie pulsionnelle, le ça devenant le siège de la pulsion de vie et de la pulsion de mort. Le ça freudien c'est le yd , le juif. Il n'y a plus de plus jamais, les hordes barbares du 07 octobre ont réduit à néant le jamais en le transformant non pas en ça recommence mais en ça continue. Tout  la langue Yiddish était ce « çà » héréditaire, ces mots enfouis dans l’inconscient collectif, le juif errant avec ses mots et ses maux,  plus jamais le ça, plus jamais le Id , plus jamais le yd. Les barbares ont ouvert la porte du plus jamais le juif, le sioniste et les bonnes âmes s'y engouffrent extirpant de leur psyché collective le juif de l'origine, espérant reconquérir un moi collectif contrôlant leur chaos , leur pulsion archaïque. Le plus jamais ça aujourd'hui c'est  le plus jamais Israël pour une Palestine de la rivière à la mer, le plus jamais de  juifs dans les universités, le plus jamais de mezouza sur les portes , le plus jamais de port de Kippa.....l'antisémitisme n'est plus, l'anti judaïsme renait de ses cendres dans le ça juif sioniste.    



Commentaires

  1. Comme tres souvent sinon constamment je partage totalement ton propos.
    Amitiés
    patrick

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  2. Tres intéressant cette analogie du ça et du Yd

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