Samedi 07 octobre 2023, 455e jour d’après: 18 décembre  2024

"Mir Zaynen Do"


© Ben Rosenblum
Photos prises par Ben Rosenblum dans le cadre des missions organisées par ELNET en Israel.
 

Au delà de l'émotion ressentie lors de la présentation du livre sur le 07 octobre au Campus de l'Académie de Nethanya, nécessité fut de lire les  écrits dans ce manifeste contre l'effacement du crime contre l'humanité commis le 07 octobre 2023, ce jour qui n'en finit pas de vibrer en nous dans nos instants de vie, la nuit, le jour et ceux d'après. Le livre est ponctué de marque-pages qui décorent de couleurs la noirceur des témoignages. Des mots ici ou là reliés à la réactivation de nos angoisses collectives  : 
Robert Redeker nous dit que le 07 octobre est le miroir d'un événement plus vaste , la Shoah. 
A propos de la propagation de l'antisémitisme dans le monde Alain Finkelkraut nous rappelle les mots de David Grossman sur la sensation amère de ne jamais se sentir chez soi dans le monde. 
En regard des contre-vérités véhiculées par les bien pensants Georges Bensoussan nous montre l'engluement dans la peste émotionnelle (Willem Reich), cette émotion labile qui ouvre le chemin de la passion sans égard pour la vérité des faits. 
Dans une note d'admiration et d'espoir Sylvain Tesson différencie sionisme et anti-sionisme: devant les terres insalubres la voie israélienne consiste à fructifier la lande; la voie anti-sioniste à revendiquer le jardin. Sylvain Tesson évoque aussi l'esprit des lieux et en échos à propos de la revendication odieuse "du fleuve à la mer" Michel Onfray écrit cette évidence: Qui peut croire que les juifs s'emparent d'une terre musulmane puis que le Moise historique daterait du VIe siècle avant le Christ et le Mahomet historique du VIIe siècle après?  
Joël Mergui se remémore les mots d'Albert Londres, témoins du pogrom de Hébron en 1930: Fuiriez vous les pogroms d'Europe pour tomber dans ceux d'Orient? Et Guy Konopnicki de lui répondre quelques pages suivantes: le 07 octobre a changé ma vie, en réveillant ma mémoire. "Mir Zaynen Do "nous sommes là"chantaient les partisans juifs du ghetto de Wilno. Oui nous sommes là et y resterons pour toujours. 

les photos de Ben en noir et blanc symbolisent bien la mort des couleurs en ce jour là. Chaque photo transpire de l'horreur et pourtant en filigrane, une lumière pointe  éclairant l'obscurité et la noirceur des assaillants. Leur obscurantisme haineux innommable nous marque à jamais dans notre mémoire collective déjà si chargée de traces de souffrance. Ces photos m'ont rappelé celles de mon ami D... qu'il avait prises lors de ses nombreux voyages en terre de Shoah. Je ne puis les reproduire sans son autorisation. A l'époque j'avais laissé aller  mes doigts sur les touches et  les avais illustré de quelques mots sortis du fin fond de mon âme. En regardant les photos de Ben et toutes ces béances de vie;  ces maisons calcinés, "ouradourisés"; ces miroirs brisés qui ne reflètent que désolation et vies fracassées, alors j'ai remis à jour ou plutôt actualisé le toujours tragique du trou béant dans lequel les haineux veulent nous enfoncer, mais sans y changer un mot finalement. Je dédie cette page aux 1200 morts du sud , Au 250 otages, aux 800 ayalims morts pour nous,  à notre pays, le seul: Israel  et puis aussi à mes amours de petits enfants qui ont perdu tant d'amis et pour qui le 07 octobre n'en finit pas d'être. Je leur dit que la lumière va revenir bientôt et que les couleurs embelliront leur vie aussi très bientôt. 

עם ישראל חי


LE TROU BEANT 
 
La souffrance et la désolation sont rentrées à jamais dans le trou béant de l’arbre de vie. La béance a déchiré l’écorce du monde.
A jamais ouvert, le gouffre noir cache l’indicible.
Les herbes grises en terres inconnues transitent entre baraquements et forêt des fuyards. L’arbre de vie s’est éloigné de ses frères, touché par l’homme noir.
Le tronc a craqué sous les larmes et ne transmet plus de printemps, L’hiver à jamais s’est installé dans ses racines.
Le cri ne cesse de jaillir des entrailles noircies de la suie. L’arbre Gémit, n’espérant plus.
Les couleurs de la nature sont restées aux portes du monde, Le pays maudit à jamais la terre souillée.
L’enfant a perdu ses papillotes et sa kipa depuis longtemps, Il erre, dénudé de son âme au-delà de sa prison.
Tel un fantôme se faufilant parmi les herbes
Il pénètre la béance noire du monde à la recherche des siens Les hommes ne lui sont plus d’aucun recours
Il est parti dans ces tréfonds à la quête de l’humanité et de son dieu. On ne lui a pas dit que la mort a tout englouti à jamais.
Il ne lui reste rien que des larmes.
Elles coulent, telles la sève tarie de l’arbre,
Elles sont sèches de ses yeux aveugles à sa souffrance. L’enfance attendra d’autres jours, d’autres cieux pour être. Son peuple ne meurt jamais,
Il sait reproduire l’espoir sur la cendre et faire refleurir l’enfance.
Les couleurs reviendront à l’arbre mais le trou béant de la destruction sera à jamais ouvert.
Le chasseur d’image saura passer de par le camp désert et capter l’indicible, invisible à l’œil habitué au bonheur.
La photo saura remplacer les mots à inventer, L’œil du photographe saura se retourner.
L’homme numéroté regardait l’arbre et son trou noir. L’arbre, regarde l’homme qui n’est plus.
L’arbre nous regarde
Nous regardons l’homme et l’enfant qui se tiennent la main et nous invitent à sortir du néant pour réinventer les couleurs.

Commentaires

  1. Merci,cher Patrick,pour ce rappel de l'essentiel,de ce qui l'emporte sur toute autre valeur:la survie et la pérennité du
    עם ישראל
    Oui Mir zeinen do

    Je t'embrasse

    Jean Luc

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